Agriculture : pourquoi la commission européenne va prolonger l’autorisation du Glyphosate ?

Actualité publiée le 13/10/2023 à 11h55
Agriculture : pourquoi la commission européenne va prolonger l’autorisation du Glyphosate ?

L'approbation de l'herbicide pourrait être étendue jusqu'au 15 décembre 2033, sous réserve de l'approbation lors d'un vote prévu mi-octobre, mais cette autorisation pourrait être modifiée en fonction des évaluations ultérieures concernant sa sécurité.

À l'approche de l'expiration de l'autorisation du glyphosate en décembre, la Commission européenne recommande un renouvellement de dix ans pour cet herbicide controversé, connu pour son inclusion dans des produits tels que le Roundup de Monsanto. Cette proposition sera discutée lors d'une réunion technique le 22 septembre à Bruxelles. L'autorisation actuelle, prolongée d'un an dan s l'attente d'une évaluation scientifique, prendrait fin le 15 décembre 2033 si la recommandation est adoptée, bien que cela reste révisable en fonction des évaluations ultérieures.

 

L'exécutif européen propose des mesures de précaution

En 2015, le glyphosate, principal ingrédient de nombreux herbicides, y compris le Roundup de Monsanto, a été classé comme "cancérogène probable" pour les humains par le Centre international de recherche sur le cancer de l'OMS. L'Inserm, en 2021, a également confirmé que des études scientifiques établissent un lien entre les pesticides et plusieurs pathologies graves. Pour réduire les risques, la Commission recommande des mesures telles que l'utilisation de "bandes tampons" et d'équipements pour limiter les dérivés de pulvérisation, ainsi que l'interdiction de l'utilisation du glyphosate pour la dessiccation. Les États sont également encouragés à surveiller les autres composants des herbicides au glyphosate pour minimiser les dangers liés aux mélanges de produits.

 

La France plaide pour des limitations sur les usages vitaux

Afin d'obtenir l'approbation de sa proposition, la Commission européenne doit recueillir le soutien d'une "majorité qualifiée", ce qui implique que les États favorables doivent représenter au moins 65 % de la population européenne. Bien que les positions officielles des États membres de l'UE n'aient pas encore été rendues publiques, il semble improbable que la France s'y oppose, compte tenu du changement de position d'Emmanuel Macron depuis 2017, qui vise à restreindre l'utilisation du glyphosate aux seuls cas sans alternative viable.

Cependant, l'Allemagne pourrait s'opposer à cette prolongation en raison d'un accord de coalition interdisant le glyphosate dès 2024. Bien que l'Union européenne semble peu encline à refuser le renouvellement de l'autorisation du pesticide, certains États pourraient demander une révision de sa durée ou de ses conditions, selon Nadine Lauverjat, de l'ONG Générations futures, militante pour l'interdiction du pesticide.

En France, suite à un avis de l'Anses en 2020, des restrictions ont été appliquées, conduisant à l'interdiction de produits à base de glyphosate lorsque des alternatives non chimiques étaient viables. Environ un tiers des agriculteurs français choisissent délibérément de se passer de glyphosate en utilisant des méthodes telles que des bâches ou le désherbage mécanique, mais ces approches sont plus coûteuses en temps et en main-d'œuvre, créant un désavantage économique en l'absence de réglementation uniforme dans l'UE, explique Xavier Reboud, chercheur à l'Institut national de la recherche agronomique (Inrae).