Colère des agriculteurs : voici les termes à connaître pour comprendre leur mécontentement

Actualité publiée le 05/02/2024 à 18h35
Colère des agriculteurs : voici les termes à connaître pour comprendre leur mécontentement

Les agriculteurs, exprimant leur mécontentement envers le gouvernement, les normes, les salaires insuffisants et les charges administratives depuis plusieurs jours, réclament des mesures d’urgence. La mobilisation est particulièrement forte ce jeudi 25 janvier 2024 à travers la France. Des termes spécifiques au secteur agricole reviennent fréquemment dans les discours des agriculteurs, sur les réseaux sociaux et dans les médias.

Des notions telles que PAC, loi EGalim, jachère sont omniprésentes, suscitant la curiosité. Dans le but de faciliter la compréhension de la colère qui anime la profession, nous procédons à une analyse approfondie de ces termes-clés.

 

PAC ou Politique Agricole Commune

La PAC, ou Politique Agricole Commune de l’Union européenne, constitue une politique partagée et financée au niveau européen, représentant environ 40% du budget de l’UE. Instaurée en 1962, elle vise à soutenir l’agriculture des États membres, s’adaptant aux évolutions économiques et aux besoins citoyens. La version actuelle a été présentée en 2023 par la Commission européenne.

La PAC poursuit plusieurs objectifs, dont le soutien aux agriculteurs, l’amélioration de la productivité agricole, la garantie d’un niveau de vie décent, la lutte contre le changement climatique et la gestion durable des ressources naturelles. Elle accorde des aides financières directes, principalement basées sur la superficie des exploitations (85%), et les 15% restants dépendent de la production.

Cependant, la PAC suscite des critiques, notamment en raison de la non-indexation du soutien financier à l’inflation. Bien que la France soit le principal bénéficiaire, les normes complexes liées à ces aides sont de plus en plus critiquées. Les règles doivent être strictement suivies pour éviter des pénalités, mais certains estiment que cela favorise principalement les grands exploitants, car l’aide financière augmente avec la production.

 

Normes écologiques: garants de notre engagement envers la planète

Les agriculteurs mécontents expriment leur frustration face aux charges administratives et aux normes environnementales, notamment liées à la Politique Agricole Commune (PAC) et au Pacte Vert européen. Ce dernier, lancé en 2020 pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, impose des directives contraignantes aux agriculteurs, dont la stratégie de la « ferme à la fourchette » visant à atteindre 25% d’agriculture biologique d’ici 2030.

Cette mesure est fortement critiquée, les agriculteurs estimant qu’elle est difficilement réalisable sans un soutien financier et une assistance plus importants.

 

La loi EGalim 1

Parmi les motifs de mécontentement, on peut également mentionner les dispositions de la loi EGalim 1 et 2.

La première loi, adoptée en 2018 pour assurer l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole, aborde la question du juste prix des produits. L’objectif défini par le ministère de l’Agriculture est explicite : garantir une rémunération équitable aux producteurs afin qu’ils puissent vivre dignement de leur activité.

En d’autres termes, la loi EGalim vise à mettre un terme à la concurrence sur les prix dans le domaine alimentaire en repensant la méthode d’établissement des prix des produits.

Dorénavant, ce sont les agriculteurs, regroupés au sein d’organisations de producteurs pour renforcer leur poids face aux industriels, qui fixent le prix de vente en tenant compte de leurs coûts de production.

De plus, la loi introduit un encadrement plus strict des promotions sur les denrées alimentaires. La revente à prix coûtant devient également plus complexe, car le seuil de revente à perte, c’est-à-dire la vente d’un produit à un prix inférieur à son coût d’achat, est relevé de 10 % pour les denrées alimentaires.

 

La loi EGalim 2

La loi EGalim 2, adoptée un an après la première, renforce le dispositif en place, en particulier en rendant non-négociable le prix de la matière première lors des négociations commerciales entre industriels et distributeurs. Cela concerne notamment les denrées alimentaires composées d’au moins 50 % de matière première agricole, comme le lait ou la viande.

En d’autres termes, si le coût de la matière première augmente, les supermarchés doivent ajuster l’étiquetage et répercuter cette hausse. Malgré l’objectif initial de garantir une rémunération équitable pour les agriculteurs, ces lois sont critiquées. Les exploitants agricoles réclament un strict respect des lois EGalim, une demande portée par la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs dans leur liste de revendications adressée au gouvernement le 24 janvier 2024.

Face à l’inflation, la grande distribution contourne parfois ces lois, voire les applique de manière défaillante, afin de maintenir une pression à la baisse sur leurs tarifs en s’approvisionnant au prix le plus bas possible.

 

Le GNR ou Le Gazole Non Routier

Les pancartes brandies par les manifestants sur les autoroutes proclament un message clair : « Macron, touche pas au GNR. » Cette revendication fait écho à la colère suscitée par la perspective d’une hausse de la taxation du gazole non routier (GNR), un carburant similaire au diesel utilisé principalement dans le secteur agricole pour alimenter les engins non routiers tels que les tracteurs.

Historiquement, le GNR bénéficie d’une fiscalité avantageuse, mais les agriculteurs voient cette situation changer avec l’annonce d’une augmentation de la taxation. Le gouvernement, dans sa volonté de promouvoir des pratiques moins polluantes et de réduire les émissions d’énergies fossiles, a décidé de supprimer progressivement les exonérations fiscales dont bénéficient les agriculteurs sur le GNR. Cette décision a suscité un vif mécontentement parmi les agriculteurs, qui estiment que cela aura un impact financier significatif sur leurs activités.

Malgré cette tension, la FNSEA a réussi à négocier le maintien d’une partie des avantages fiscaux pour les agriculteurs en étalant la baisse de la détaxe sur le GNR sur plusieurs années.

 

La Jachère

Parmi les préoccupations soulevées par les agriculteurs, on trouve également la question de la jachère. Mais qu’entend-on par ce terme ? La jachère fait référence à une période pendant laquelle une terre n’est pas cultivée afin de permettre la régénération de sa fertilité.

Depuis 2023, avec la révision de la Politique Agricole Commune (PAC), l’Union européenne exige que les agriculteurs consacrent au moins 4% de leurs terres arables à la jachère, ou les convertissent en « infrastructures agroécologiques » en y intégrant des éléments tels que des haies, des bosquets, des arbres ou des mares.
Cette obligation de jachère, nécessaire pour bénéficier des aides de la PAC, vise à offrir un répit aux terres agricoles, favorisant ainsi la biodiversité et préservant leur fertilité.

Cependant, cette contrainte n’est pas bien accueillie par les exploitants, car ces zones de jachères limitent la surface disponible pour leurs activités de culture, d’élevage ou de production.