Etudiants sans chauffage : à lyon, ils manifestent contre le CROUS

Selon Ender, 18 ans, « Il semble qu’il fasse la même température dehors que dans mon logement. » Le mercredi soir, la température à Lyon avoisine à peine les 10 °C. Devant le siège du Crous, dans le 7e arrondissement, une cinquantaine d’étudiants s’est rassemblée pour réclamer des réponses concrètes face au manque de chauffage dans leur résidence et demander un remboursement partiel des loyers qu’ils estiment payer « pour rien ».

Ender ajoute : « Quand je touche le radiateur de ma chambre, je ne sens aucune chaleur. Je suis obligé de superposer plusieurs couches de vêtements pour ne pas succomber au froid. » Frédéric, 21 ans, porte une doudoune tous les soirs depuis un mois. Maïana, du même âge, a décidé d’acheter une couette et un plaid pour pallier le problème. Tous ont signalé ces problèmes, mais n’ont reçu aucune réponse.

Lia, 18 ans, refuse catégoriquement d’« investir ». Elle estime qu’elle « paie assez » avec son loyer mensuel de 410 euros, qui comprend les charges. Elle se déplace dans son appartement avec « une écharpe et un pull supplémentaire » et utilise des stratagèmes comme cuisiner pour profiter de la chaleur des plaques de cuisson, ou laisser les portes de la salle de bains ouvertes après la douche dans l’espoir de réchauffer un peu la pièce à vivre.

« Aucune personne ne souhaiterait échanger sa position avec la nôtre »

Anna, actuellement en programme Erasmus à Lyon, qualifie la situation de « totalement absurde ». Elle a choisi de participer à la manifestation en signe de soutien. « Je rentre en Allemagne dans quelques jours, et j’aurai passé l’intégralité de mon semestre à endurer le froid. Depuis la baisse des températures il y a un mois, mon colocataire se rendait chaque jour à la réception de la résidence pour signaler la situation. Chaque jour, on lui assurait qu’une équipe technique interviendrait. Ils sont finalement venus la semaine dernière pour confirmer qu’il y avait effectivement un problème. On ignore combien de temps cela prendra pour le résoudre... »

Elle ajoute : « Il aurait été judicieux de réagir plus tôt ! Ou d’anticiper ce genre de problèmes afin d’éviter que des centaines d’étudiants, souvent en situation précaire, se retrouvent dans cette situation. Personne ne souhaiterait être à notre place, mais il semble que cela ne pose aucun problème de nous laisser dans une telle situation. »

Un dysfonctionnement de chauffage touche dix résidences distinctes

Samir, le porte-parole d’un collectif d’étudiants créé en réaction à cette situation, affirme avoir recueilli "plus d’une centaine de témoignages en une semaine". Il précise que cela concerne dix résidences différentes, situées entre le 8ème arrondissement, Saint-Priest et Villeurbanne, incluant même la résidence Claudie Haigneré inaugurée en octobre 2022. Malgré les signalements répétés, aucune action n’a été entreprise par le Crous. Samir souligne le désintérêt de l’institution pour leurs conditions de vie malgré l’approche des températures hivernales.

Quelques minutes avant le début de la mobilisation, les résidents de la nouvelle résidence ont reçu un courriel indiquant qu’une "expertise technique avait identifié un problème structurel lié au raccordement au réseau de chauffage urbain, provoquant un déséquilibre du système d’alimentation". Un rendez-vous est programmé ce jeudi pour discuter de la mise en place d’une solution technique afin d’atteindre la température de consigne de 19 °C, comme stipulé dans le message.

Une "accumulation d’éléments problématiques"

Le Crous de Lyon admet avoir pris du temps pour identifier le problème de raccordement. En ce qui concerne les autres difficultés, il mentionne des problèmes de rinçage et de désembuage, ainsi qu’une panne simultanée des chaudières principales et de secours, résolue en début de semaine.

Le Crous exprime ses excuses pour les multiples incidents récents et s’engage à trouver des solutions rapidement. Il encourage les étudiants à signaler les problèmes via un formulaire en ligne afin de distribuer des chauffages d’appoint individuellement. Cependant, pour Samir, cette réponse est jugée insatisfaisante, soulignant qu’ils ne cesseront pas leur mobilisation tant que des personnes souffriront du froid et perdront la vie.