Tulle : les producteurs de noix mécontents déversent leurs récolte devant la MSA

Actualité publiée le 23/03/2023 à 10h00
Tulle : les producteurs de noix mécontents déversent leurs récolte devant la MSA

Devant la chute du cours des noix de cette année, une manifestation de plus d’une vingtaine de producteurs s’est tenue à Tulle, le lundi 20 mars.

C’est devant le siège de la MSA (Mutualité Sociale Agricole) qu’une vingtaine de manifestants, constituée par des producteurs de noix corréziens, avaient exprimé leur mécontentement au début de l’après-midi de ce lundi. Entre autres, les producteurs de noix de la Dordogne et ceux du Lot font également face à une chute des cours inédite de ces produits.
 

0,5 euro/kilo pour le producteur !

C’est en montrant le reçu de sa dernière transaction avec une coopérative qu’un producteur dénonce le caractère inacceptable de la situation. On y voit en effet le prix d’un kilo de noix, payé à seulement 0,5 centimes d'euros. Ce qui signifie qu’une tonne de ce produit équivaut uniquement à 500 euros. L’année dernière, il était de 3000 euros la tonne. Pour dire que cela devient insoutenable.

D’après les explications de la responsable départementale de la Coordination rurale, Amélie Rebière, qui a organisé la manifestation, ce sont des importations massives de noix d’origine chilienne et chinoise ainsi que californienne qui sont à l’origine de la chute des cours en question. L’inexistence de normes et la moindre charge qui prévalent dans ces pays tranchent avec celles de la nôtre.

La quantité de noix déversée à contre cœur par les producteurs devant le siège de la MSA à Champeau était de 4,5 tonnes. La production de noix correspond à une production de diversification pour bon nombre d’agriculteurs du sud de la Corrèze bien que cela permette à plusieurs d’entre eux de survivre. 
 

Prix au supermarché : entre 8 à 13 euros

Bien qu’une conservation au frigo jusqu’au mois d’avril où l’on pourrait espérer une remontée des cours puisse être une alternative, le coût de l’électricité rend cette solution inopérante d’après un autre producteur qui en est désemparé. Selon leurs termes, bien que les noix soient vendues à 8 euros voire à 13 euros le kilo à Paris, leur prix d’achat au niveau des producteurs est extrêmement bas.

Qu’en est-il de la loi Egalim II ? Quelle plaisanterie pour les producteurs ! Ces derniers n’ont d’ailleurs pas jugé utile de se concerter avec les responsables de la MSA. Selon Amélie Rebière, à quoi bon étant donné la difficulté à écouler la production rendant alors impossible le paiement des cotisations.
 

Une situation quasiment sans issue

Une compréhension des problèmes auxquels font face les producteurs a été manifestée par la MSA via les paroles de la directrice adjointe Solène Pitollat. Celle-ci reconnaît le désarroi des agriculteurs et bien que l’appel à payer les cotisations vienne de la MSA, un accompagnement dans les meilleures conditions a été selon elle mis en place. Celui-ci prend la forme de procédures de report ou d’étalement des paiements. En outre, les travailleurs sociaux ont été préparés à porter leur soutien.

Dubitatif concernant l’avenir, un des producteurs qui a participé à la manifestation partage son projet d’arracher 40 noyers, ceux qui ont été plantés avec son père douze ans plus tôt. Un geste pour montrer l’abandon qu’on a fait à l’égard de leur condition, selon Amélie Rebière.

Une distribution de leurs fruits aux habitants de Tulles a eu lieu en centre-ville à partir de 16 heures sur la place de la Cathédrale.