Contester une mise en fourrière : découvrez les démarches, délais et modèles de lettre pour obtenir le remboursement de vos frais rapidement.
Se rendre à l’endroit où l’on a garé sa voiture et découvrir qu’elle a disparu, c’est une expérience aussi stressante qu’inattendue. Très vite, on comprend qu’elle a été mise en fourrière, souvent pour stationnement gênant ou non autorisé. Mais parfois, la décision paraît injuste, voire abusive. Peut-on contester une mise en fourrière ? Oui, et dans certains cas, la loi est de votre côté. Cet article fait le point sur les situations où la contestation est possible, les démarches à suivre, et les recours à connaître pour éviter de payer à tort.
Une mise en fourrière n’est pas toujours légitime. Si la décision repose sur une erreur ou un abus, il est tout à fait possible de contester l’enlèvement du véhicule. Le Code de la route, à l’article L325-12, encadre strictement les cas dans lesquels un véhicule peut être déplacé ou immobilisé.
C’est la situation la plus fréquente. Il arrive que des véhicules soient enlevés alors que le stationnement n’était pas réellement gênant ou qu’aucun panneau d’interdiction n’était visible. Si la signalisation était absente, masquée ou illisible, la contestation de la mise en fourrière est recevable.
> Exemple : une voiture garée sur un trottoir large ou un accotement non balisé peut parfois être enlevée à tort.
Les services municipaux peuvent se tromper : erreur de plaque d’immatriculation, confusion entre deux modèles similaires… Ces cas restent rares mais bien réels. Si vous disposez de preuves tangibles (photos, témoignages, facture de parking, etc.), la mise en fourrière abusive peut être reconnue et les frais remboursés.
Parfois, la mesure peut sembler excessive : véhicule déplacé alors qu’il ne gênait pas la circulation, ou encore enlèvement d’un véhicule mal garé depuis moins de 10 minutes. Dans ces cas, une contestation pour fourrière abusive peut être déposée auprès de l’autorité compétente.
Selon une étude de la Cour des comptes (2023), près de 7 % des mises en fourrière en France font l’objet d’une réclamation, et dans un cas sur quatre, le recours aboutit à un remboursement partiel ou total des frais. De quoi inciter à ne pas renoncer trop vite.
Une fois la surprise passée, il faut agir vite. Le délai pour contester une mise en fourrière est en effet strictement encadré par la loi. Plus l’action est rapide, plus les chances de succès sont élevées.
D’après l’article L325-12 du Code de la route, le propriétaire dispose de 45 jours à compter de la notification de mise en fourrière pour déposer une contestation officielle. Passé ce délai, la demande risque tout simplement d’être rejetée.
Il est donc conseillé d’agir dans les plus brefs délais, idéalement dans les 10 premiers jours, le temps de rassembler les documents nécessaires.
La procédure dépend de la nature de la mise en fourrière et de la situation :
Dans les deux cas, la démarche peut être effectuée par courrier recommandé avec accusé de réception, accompagné de tous les justificatifs.
Pour que la contestation de la mise en fourrière soit recevable, il faut apporter un maximum de preuves. Voici la liste des pièces généralement exigées :
Le tout doit être rédigé de manière claire et polie, en expliquant les raisons pour lesquelles la mise en fourrière est jugée injustifiée.
Une fois la lettre transmise, l’administration dispose d’un délai de deux mois pour répondre. Sans réponse dans ce délai, la contestation est réputée rejetée tacitement (article R421-1 du Code de justice administrative). Le propriétaire peut alors saisir le tribunal administratif.
En cas de succès, il est possible d’obtenir le remboursement des frais de fourrière (enlèvement, garde journalière, expertise), voire l’annulation de l’amende associée.
Selon le ministère de l’Intérieur, environ un tiers des recours formels déposés chaque année obtiennent gain de cause — souvent grâce à des preuves solides ou à un vice de procédure.
Une mise en fourrière s’accompagne souvent d’une amende de stationnement et de frais d’enlèvement. Pourtant, même si le véhicule a été récupéré, il reste possible de contester ces frais lorsque la mesure est injustifiée. La procédure varie légèrement selon le type de frais visés, mais elle repose toujours sur le même principe : prouver l’erreur ou l’abus de la décision.
Beaucoup d’usagers les confondent, mais il s’agit de deux éléments distincts :
Ainsi, il est tout à fait possible de contester les frais de fourrière sans pour autant remettre en cause le bien-fondé de l’amende… ou inversement.
La loi prévoit plusieurs situations où un remboursement partiel ou total peut être accordé :
Dans ces cas, la contestation des frais de fourrière peut aboutir à un remboursement intégral des montants versés, y compris les frais de garde journalière.
> Bon à savoir : en 2024, le tarif moyen d’un enlèvement en France s’élevait à 120 €, auxquels s’ajoutent 29 € par jour de garde, selon une étude menée par Le Parisien. Des sommes qui justifient pleinement une démarche de contestation lorsqu’une erreur est avérée.
La demande de remboursement ou la contestation des frais de fourrière se fait auprès de la même autorité que celle ayant ordonné l’enlèvement.
Dans la majorité des cas, il s’agit :
Il est conseillé d’envoyer sa demande par lettre recommandée avec accusé de réception, accompagnée des pièces justificatives et d’un exposé clair des faits.
Si la réponse est négative, le propriétaire du véhicule peut saisir le tribunal administratif. Ce recours est gratuit et ne nécessite pas forcément d’avocat, mais il doit être déposé dans les deux mois suivant le rejet de la demande initiale.
Certaines décisions de refus peuvent aussi être réexaminées si de nouveaux éléments de preuve sont apportés (témoignage, image de caméra de surveillance, etc.).
> Pour en savoir plus sur la procédure, le site officiel service-public.fr détaille les recours possibles et les formulaires à utiliser pour contester une contravention ou une mise en fourrière.
La lettre de contestation est une étape essentielle de la démarche. Rédigée avec précision et accompagnée de justificatifs solides, elle augmente nettement les chances d’obtenir gain de cause. Le ton doit rester courtois et factuel, sans agressivité, même en cas de désaccord manifeste.
L’objectif est de convaincre l’autorité compétente que la mise en fourrière de votre véhicule résulte d’une erreur d’appréciation ou d’un abus.
Pour être recevable, la lettre de contestation de mise en fourrière doit comporter certains éléments précis :
Pensez à conserver une copie de votre courrier et de toutes les pièces transmises. L’envoi doit se faire en recommandé avec accusé de réception.
Modèle de lettre de contestation d’une mise en fourrière
Nom, prénom : [Votre nom]
Adresse : [Votre adresse complète]
Code postal, ville
À l’attention de : [Officier du ministère public / Préfecture de ...]
Objet : Contestation de la mise en fourrière du véhicule [immatriculation]
Madame, Monsieur,
Je souhaite par la présente contester la mise en fourrière de mon véhicule [immatriculation] intervenue le [date] à [lieu]. En effet, je considère que cette mesure a été prise de manière injustifiée pour les raisons suivantes : [expliquer brièvement le motif de la contestation].
Vous trouverez ci-joint les documents justificatifs nécessaires à l’appui de ma demande, notamment [liste des pièces jointes : photos, témoignages, copie du procès-verbal, etc.].
Je sollicite donc, conformément à l’article L325-12 du Code de la route, le remboursement des frais de fourrière ainsi que l’annulation de l’amende associée, le cas échéant.
Dans l’attente de votre réponse, je vous prie d’agréer, Madame, Monsieur, l’expression de mes salutations distinguées.
[Signature]
Ce modèle peut être adapté selon la situation. Par exemple, un propriétaire peut simplement demander l’annulation des frais sans contester l’amende, ou inversement. Dans tous les cas, la lettre doit rester factuelle et appuyée par des preuves.
Les photos prises sur place, notamment celles montrant l’absence de panneau d’interdiction ou le caractère non gênant du stationnement, sont souvent déterminantes. De plus, un simple reçu de parking ou témoignage écrit peut suffire à établir la bonne foi du conducteur.
Rédiger une lettre solide ne suffit pas : encore faut-il l’envoyer au bon endroit. En matière de contestation de mise en fourrière, les destinataires varient selon l’origine de la décision et le type d’infraction reprochée. Une erreur de destinataire peut faire perdre un temps précieux, voire invalider la démarche.
Dans la majorité des cas, l’enlèvement du véhicule fait suite à un stationnement gênant ou interdit constaté par un agent de police. La contestation doit alors être adressée à l’Officier du ministère public (OMP) rattaché au tribunal de police de la commune où l’infraction a été relevée.
L’adresse figure généralement sur l’avis de contravention ou sur le procès-verbal de mise en fourrière. Le courrier doit être envoyé en recommandé avec accusé de réception, accompagné des justificatifs.
> Exemple : si votre véhicule a été enlevé à Marseille, la lettre doit être adressée à l’OMP du tribunal de police de Marseille.
Lorsqu’un véhicule est considéré comme abandonné, dangereux, ou gênant la voie publique sans qu’une infraction de stationnement ne soit constatée, la décision émane d’une autorité administrative. Dans ce cas, la contestation de la mise en fourrière doit être adressée directement à la préfecture du département ou à la direction départementale de la sécurité publique (DDSP).
> Exemple : un véhicule en panne depuis plusieurs jours peut être mis en fourrière par arrêté préfectoral, sans verbalisation. Le recours s’adresse alors à la préfecture.
En cas de doute, il est toujours possible de vérifier l’autorité décisionnaire sur le reçu de mise en fourrière remis lors de la récupération du véhicule.
Le document précise systématiquement :
Ces éléments permettent d’adresser la contestation à la bonne entité, sans risquer un rejet pour erreur de procédure.
Pour gagner du temps, vous pouvez retrouver les coordonnées des préfectures, commissariats ou services de police sur notre annuaire officiel :
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Certaines préfectures et commissariats acceptent encore les dépôts de contestation en main propre. Dans ce cas, il est recommandé de demander un récépissé de dépôt daté et signé, preuve que la demande a bien été enregistrée dans les délais.
Recevoir une réponse négative à sa contestation de mise en fourrière n’est jamais agréable. Pourtant, ce refus n’est pas forcément définitif. En France, le droit administratif garantit la possibilité de recours hiérarchiques et contentieux lorsqu’un citoyen estime qu’une décision est injuste ou mal fondée. Voici comment agir en cas de rejet.
Avant d’aller plus loin, il est important de lire attentivement la réponse reçue. La plupart des refus reposent sur l’un des motifs suivants :
Dans bien des cas, un simple oubli de pièce jointe ou un manque de précision dans la lettre initiale suffit à faire échouer la démarche.
Si la réponse ne vous satisfait pas, vous pouvez déposer un recours contentieux auprès du tribunal administratif compétent.
Ce recours doit être déposé dans un délai de deux mois à compter de la réception du refus (ou du rejet tacite, c’est-à-dire sans réponse au bout de deux mois).
La procédure est gratuite et peut être effectuée sans avocat, bien que l’assistance d’un professionnel du droit augmente les chances de succès.
Il suffit d’envoyer un dossier complet comprenant :
Le juge administratif pourra alors ordonner le remboursement des frais de fourrière, voire l’annulation de l’amende, si la mesure est jugée abusive ou irrégulière.
Avant d’engager une procédure judiciaire, il est possible de tenter un recours gracieux (auprès du même service) ou hiérarchique (auprès d’une autorité supérieure, comme le préfet).
Ces démarches sont facultatives, mais souvent utiles pour obtenir une révision rapide du dossier sans passer par la voie judiciaire.
> Exemple : un conducteur peut adresser un recours hiérarchique au préfet du département en expliquant les erreurs de procédure constatées dans la mise en fourrière. Si le préfet estime la demande fondée, il peut ordonner l’annulation des frais sans passage au tribunal.
En dernier ressort, il est possible de saisir le Défenseur des droits (autorité indépendante) pour signaler un abus manifeste ou une décision contraire aux principes de bonne administration.
La saisine est gratuite et peut être effectuée en ligne sur le site www.defenseurdesdroits.fr.
Cette voie reste exceptionnelle, mais elle peut débloquer certaines situations, notamment lorsqu’il s’agit de mises en fourrière répétées ou de décisions arbitraires.
Enfin, même si la loi prévoit des recours, il est toujours préférable d’anticiper les situations à risque.
Quelques gestes simples permettent d’éviter bien des ennuis :
Contester une mise en fourrière n’est pas une démarche anodine, mais elle reste parfaitement légitime lorsque la décision est abusive ou entachée d’erreurs.
En respectant les délais légaux, en rassemblant des preuves solides, et en rédigeant une lettre claire et argumentée, il est possible d’obtenir gain de cause — voire un remboursement intégral des frais.
Si vous devez déposer un recours, pensez à vérifier les coordonnées de la préfecture ou du commissariat compétent sur notre annuaire officiel :
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Trouvez les numéros de téléphone officiels sur contact-administratif.fr/police
Enfin, pour approfondir les textes de référence, consultez l’article L325-12 du Code de la route sur Légifrance, la source officielle du droit français.